La saison de jardinage est courte au Québec. Partir des semis à l'intérieur aux mois de mars, avril fait gagner plusieurs semaines en début de saison. Ce départ hâtif apporte une croissance supplémentaire qui permettra aux plants une fois à l'extérieur de mieux résister aux conditions météo adverses, aux agressions des insectes ou celles des animaux.
Bien qu'il soit possible de partir des semis sur le bord d'une fenêtre (je ne le conseille pas), il est de loin préférable de mettre toutes les chances de son bord en dédiant un coin de l'habitation à cet fin. Un espace rectangulaire d'au minimum 10' x 4' est suffisant mais prévoyez plutôt un espace suffisamment grand pour ne pas être à l'étroit. Pour ma part, mes semis ont élu domicile au sous-sol ou il fait frais et à proximité de l'évier de la salle de lavage (voir les photos à gauche).
Les incontournables pour la production de semis intérieurs sont:
- Une étagère solide, relativement légère et facile à nettoyer, de préférence en fil de métal (comme dans les épiceries). Il faut éviter les matériaux poreux comme le bois, les agglomérés (mdf, "press wood") ou le ciment car en retenant l'humidité, ils favorisent la formation de moisissures. Préférablement, l'étagère est munie de roulettes ce qui facilitera son déplacement permettant l'accès de tous les côtés aux semis et plantes du jardin intérieur ainsi que le nettoyage sous l'étagère.
De plus, une construction en grillage permet d'assurer une bonne ventilation entre les tablettes de l'étagère et l'évacuation de la chaleur vers le haut produite par les équipements électriques (lampes, ventilateurs, minuterie) nécessaires à la culture intérieure ainsi qu'à la suspension de certaines de ceux-çi en divers points de l'étagère.
- La lumière artificielle est un élément essentiel pour la croissance des plantes dans un jardin intérieur. La lumière permet de produire des semis et jeunes pousses avec les intervalles inter-nodaux les plus court possibles sinon on court le risque d'étiolement (les anciens parlaient de "pousser en orgueil") des plantes qui s'étirent à la recherche de plus de lumière ce qui les affaiblit, les rendra moins productifs et plus fragiles aux éléments météo une fois à l'extérieur.
Plusieurs types de lampes d'appoint sont disponibles pour un jardin intérieur soit les néons de type t5 (lumière blanche) ou grolux (lumière rose) , les lampes à incandescence de haute intensité ("hi-pressure sodium" ou "metal-halide") et les diodes électroluminescentes (LED). Chaque lumière a ses avantages et ses inconvénients, certaines sont plus polyvalentes que d'autres. Un jardinier d'intérieur pourrait devoir utiliser plusieurs systèmes de lumière différents selon les stades de croissance des plantes (germination, végétatif et floraison).
Les néons produisent une lumière de basse intensité dans un spectre de couleur (le "cool white" est préférable au "warm white") qui se rapproche de la lumière du jour. Ils sont adéquats tout au long de la période de germination alors que les besoins en lumière des semis au stade des cotylédons sont négligeables.
Seule ombre au tableau: les ballasts régulateurs du courant envoyé aux tubes néon produisent beaucoup de chaleur. Celle-çi doit être évacuée loin des semis au moyen de ventilation d'extraction. Dès l'apparition des vraies premières feuilles, il faut immédiatement fournir aux jeunes plants une lumière plus intense car leur besoins en photosynthèse iront en augmentant sans cesse.
À ce stade-çi, vous avez le choix des lampes (haute pression ou led) mais la décision que vous allez prendre déterminera la tournure que prendra votre jardin intérieur: de simple amateur à expert complexe... Pour en savoir plus, poursuivez votre lecture.
Les lampes à incandescence de haute intensité ("hi-pressure sodium" ou "metal-halide"disponibles en 250, 400 et 1000 watts) étaient à une certaine époque pas si lointaine (1980-90) les seules lampes digne de ce nom pour le jardinage intérieur. La lumière intense qu'elles dégagent permettent aux plantes d'intérieur de produire légumes et fruits. Toutefois, qui dit lumière intense, dit chaleur excessive et consommation d'électricité élevée. Un jardin intérieur équipé de ce type de lumière devra s'équiper d'une ventilation robuste (beaucoup de CFM en "exhaust" et autant en "intake") pour évacuer la chaleur produite par les lampes et admettre de l'air frais pour remplacer l'air évacué. Assurez-vous que le panneau électrique et les prises ou tous ces équipements électriques sont branchées supportent la charge en électricité. Un circuit surchargé peut conduire à un incendie.
Ces dernières années, l'arrivée des diodes électroluminescentes (led) a définitivement révolutionné le jardinage intérieur. Fini la complexité associés aux lampes "high intensity". On revient maintenant au vrai plaisir de jardiner grâce à la simplicité d'utilisation des LEDs. Ces lumières sont un peu plus chères à l'achat mais beaucoup beaucoup moins à l'utilisation. Comparativement à une high pressure sodium de 1000 watts qui coûte environ $1.50 à opérer par jour (1000 watts x 18 hrs x 8,06 ¢/kWh au Québec), utiliser une lumière LED peu énergivore ne vous coutera à opérer que quelques sous par jour au plus.
Sauf que l'avantage indéniable des LED réside ailleurs que dans leur bas coût d'opération, il est dans la configuration matérielle de la lampe elle-même soit la répartition de dizaines de diodes étalés à intervalle régulier sur une surface plane. Cette répartition produit un large faisceau de lumière qui couvre une grande surface du jardin à la fois. Cette couverture couplée à une faible émission de chaleur fait qu'une lampe LED peut être placée beaucoup plus près des plantes avec beaucoup moins de risque de les brûler (quoique le risque nul n'existe pas). Ces 2 propriétés (couverture élargie et proximité de la source lumineuse) font que les lampes LED sont la solution optimale pour le jardinage intérieur.
Mon setup de LEDs actuel (tel que vu dans les images plus haut):
a) 2x LumiGrow LED ES330 Grow Lights (produit discontinué)
Leur UPS (au moment de mon achat en 2016) était: 330 watt 58-LED Light fixture. True 660nm Deep Red LEDs. Individually adjustable Red and Blue balance knobs allow precise 2-channel spectrum control. 12 - 16 square feet coverage.
Mon éval: je suis toujours satisfait de leur performance dans mon jardin intérieur. Je m'en servirai jusqu'à ce qu'ils fassent défaut.
b) 2x SunBlaster LED 6400K 48" Grow Lights
En attendant mon dream LED (voir plus bas), j'ai acheté 2 lampes SunBlaster, un choix de base et économique pour partir mes semis tôt au printemps.
Aujourd'hui, la technologie a évoluée vers des solutions d'éclairage LEDs dont le spectre de lumière et l'intensité sont entièrement programmables à distance ou des produits avec des configurations matérielles pour des applications très spécifiques. Le marché des LEDs se spécialise pour répondre aux multiples besoins des professionnels de l'industrie et des jardiniers amateurs.
Sollum, une compagnie québécoise est l'un de ces fabricants de lampes LEDs dont j'attends depuis plus de 2 ans déjà que leurs solutions d'éclairage deviennent disponibles dans le marché Retail. Toujours dans l'éclairage horticole, un autre produit que je considère pour éclairer ma serre extérieure est le Philips GreenPower LED interlighting system.
- Ventilateurs d'appoint: ces équipements contribuent à la gestion du climat intérieur en faisant circuler l'air ambiant dans la zone autour des jeunes plants et en brisant les couches d'air stagnant qui pourraient s'y installer à la longue. Cette circulation favorise la respiration des plantes et augmente leur résistance au vent.
Pour y arriver, un bon ventilateur d'appoint doit donc être équipé de deux mécanismes: un réglage à gradation (avec intensité faible, moyenne et forte) du débit d'air pour en ajuster la vitesse de déplacement (les fameux "Cubic Feet Minute" ou CFM) et un mécanisme de type oscillant qui donne au ventilateur un mouvement de balayage (généralement de gauche à droite) très efficace pour disperser l'air.
Le ventilateur (à droite dans l'image) que j'utilise a été acheté pour pas cher sur Amazon. Déjà après une utilisation quasi non-stop autant dans mon jardin intérieur durant l'hiver qu'au cours de l'été 2021 dans la serre, il montre des signes d'usure en s'arrêtant sans avertissement. Comme dans la vie de tous les jours, économie est rarement synonyme de durabilité.
Récemment, ma conjointe m'a fait découvrir un ventilateur pas mal "cool" ($50 chez Costco). Il est très silencieux, presque entièrement oscillant sur lui-même! et à télécommande. Allez voir cette vidéo du ventilateur Woozoo en action question de voir s'il peut faire l'affaire pour votre jardin intérieur.
- Plateaux de culture: plusieurs produits peu dispendieux faits en plastique mince sont disponibles dans les grandes surfaces, les pépinières et en ligne. Vous vous apercevrez rapidement que ces plateaux sont tellement fragiles qu'ils se fissurent et fendent facilement à l'usage. Les fissures entraîneront des micro-fuites d'eau sous les plateaux lors des arrosages. L'eau pourrait s'accumuler sur les surfaces de culture, couler vers le plancher ou plus grave dû à la proximité d'équipements électriques comme les lumières, les ventilateurs et les prises multiples ("power bar"), contribuer à un court-circuit.
Malgré leurs prix plus élevés, je vous recommande sans hésiter ces plateaux de culture fabriqués au Québec (et 100% recyclables) avec leur complément indispensable pour les semis intérieurs: un dôme d'humidité ventilé élevé. La construction robuste de ces plateaux facilitera les nombreuses manipulations requises dans le jardin sans risque de bris et ce, pour longtemps. De leur côté, les dômes d'humidité ventilés élevés sont préférables à ceux avec une structure basse car les dômes élevés demeureront utiles plus longtemps tout au long de la croissance des semis en jeunes plants.
À suivre...