Partir les semis au printemps

Pour le jardinier, partir les semis au printemps a beaucoup d’avantages mais apporte aussi son lot d'inconvénients. Je pèse ici le pour et le contre en dressant une liste non exhaustive des principaux défis horticoles à relever et d'embûches successives à surmonter au début d'une saison de jardinage. Cela dit, je suis convaincu qu'à tout prendre, le jeu en vaut la chandelle.

Depuis la fin mars 2025, les semis intérieurs prêts pour être transplantés dans la serre l'ont été. Les plantes à feuilles à croissance rapide comme les laitues, épinards et mâches sont privilégiées tôt en début de saison. Récoltez régulièrement les feuilles prêtes à la consommation afin de favoriser la circulation de l'air entre les plants, l'évacuation de l'humidité qui pourrait s'accumuler entre les feuilles et surtout que la lumière solaire ou d'appoint des lampes horticoles à DEL se rende jusqu'à la base des plants.

L'espace dans la serre se remplit toujours trop vit et les planches ne seront jamais assez grandes pour satisfaire l'ambition du jardinier. En ce sens, les bonnes pratiques dans l'espacement entre les plants eux-mêmes et les rangs entre eux ne sont que des recommandations afin maximiser le rendement dans des conditions de culture optimales lorsque tout l'espace voulu est disponible. Cependant, dans une serre, vue que les dimensions sont fixes et les emplacements des planches de culture déterminés sans possibilité de les reconfigurer facilement, des compromis doivent être envisagés afin de maximiser le rendement.

Des études quantifient cette méthode de jardinage où le fait de réduire l'espacement entre les plants eux-mêmes et de récolter plus souvent permet d'obtenir des rendements intéressants.

 Avantages :

Contrôle total – Quel plaisir pour les yeux de consulter en janvier les pages d'un site ou d'un catalogue de semences ancestrales ou hybrides. Dresser une liste parmi tous les cultivars disponibles assure un contrôle total de ce que l'on aimerait cultiver dans son jardin. Cependant, cette liberté de choisir vient avec des contraintes lors de la sélection d'un cultivar d'ordre:

• Macro: géographique comme la zone de rusticité où est situé le jardin et l'ensoleillement qu'il reçoit tout au long de la saison de culture.

• Micro: botanique spécifique à la plante que l'on veut cultiver comme la difficulté de cultiver, profondeur du semis, température de germination, jours de germination, le type de semis intérieur ou direct et le nombre de jours à maturité. 

Connaître ces informations à l'avance est indispensable pour s'assurer ce que l'on aura une récolte quelques mois plus tard. Les semenciers de bonne réputation inscrivent clairement dans les fiches horticoles de leurs cultivars et sur les paquets de semences qu'ils vendent. À ce sujet, Les Jardins de l'écoumène ont produit un excellent système de pictogrammes qui permet un décodage rapide de ces informations essentielles pour le jardinier lorsqu'il magasine les plantes pour la prochaine saison estivale.
Allez visiter leur site, il en vaut le détour!

Économies à long terme – Simplement dit, un sachet de graines choisies selon nos critères est toujours moins cher que d'acheter un plant en pépinière. Par exemple, un paquet de 30 à 50 graines d'aubergine Black Beauty coûtera autour de $5.00 soit probablement le même prix que d'acheter un seul plant de 3 pouces de ce cultivar. Évidemment, comparez seulement le prix n'est pas représentatif de l'implication requise dans les 2 cas. L'achat d'un plant et sa transplantation au jardin assure le jardinier d'un récolte presque certaine (*). L'achat d'un paquet de semence n'est que le début d'une longue aventure parsemée d'embûches sans compter les coûts de l'équipement indispensable et le temps nécessaire pour mener cette opération a terme.

Cela dit, si entre la germination et jusqu'à la transplantation des semis, vous avez tout perdu soit dû à une maladie fongique, à une infestation d'insectes nuisibles, *à la visite d'un rongeur qui a tout mangé ou plus simplement à une maladresse du jardinier, il est toujours possible de sauver les meubles en allant acheter à la pépinière des plantes de remplacement. Un peu de honte est vite passée si c'est dans le but de sauver une saison de jardinage que l'on sait courte au Québec.

Santé des plants – Maîtriser les conditions de croissance (eau, lumière, température) tout en limitant les risques de maladies apporte au jardinier une connaissance intime de des plantes qu'il cultive. Voir ses semis germer, s'assurer d'une ventilation adéquate pour renforcer les jeunes plants fragiles, comment et quand les fertiliser? Ni trop ni trop peu mais suffisamment. Tous ces paramètres à gérer en même temps dans une suite ininterrompue d'interventions horticoles depuis la germination en passant par la transplantation jusqu'à la récolte plus tard en saison inculque au jardinier un sens du devoir à accomplir et de continuité dans le changement tout au long de la saison de jardinage.

Saison prolongée – Démarrez ses semis au mois de mars à l'intérieur assure que nos plantes pourront être transplantées tôt en saison dès les premiers beaux jours au printemps et d’obtenir des récoltes précoces. Cet avantage de temps allonge la saison de culture en autant que les risques de gel auront complètement disparus. Malheureusement, au Québec, il arrive souvent que des gels tardifs en mai ou juin viennent ruiner plus ou moins complètement les efforts des plus téméraires d'entre nous de jouer le calendrier. Caveat emptor comme le dit le proverbe.

Satisfaction personnelle – Voir une plante grandir depuis sa germination est super gratifiant! En fin de saison, c'est le moment de vérité. La fierté du jardinier se traduit par des fruits et légumes qui révèlent leurs saveurs et textures uniques, témoins du soin que leur a apporté depuis la sélection des cultivars jusqu'à l'assiette. Ces légumes une fois en bouche racontent une histoire de patience de la part du jardinier et du respect profond pour la nature qui nous entoure.

Inconvénients :
Temps et attention – Les semis intérieurs demandent une surveillance constante de la part du jardinier surtout en ce qui a trait à l’arrosage à effectuer régulièrement dû à l'air généralement très sec à l'intérieur de nos maisons et au choix du terreau dans lequel on fait germer les semis. Il est nécessaire d'utiliser un terreau conçu pour la germination car il contient un mélange adéquat de matière organique, de perlite qui favorise le drainage et l'aération du sol et de vermiculite qui retient mieux l'eau et les engrais. Certains d'entre nous choisiront d'acheter un terreau déjà prêt à l'emploi, d'autres plus aventureux de faire le leur. À chacun, sa recette.

Équipement nécessaire – Besoin d’un bon éclairage (lampes LED), de terreau de qualité, de contenants, etc.
Gestion des erreurs – Trop d’arrosage, pas assez de lumière ou des semis trop serrés peuvent causer des pertes.
Espace limité – Il faut assez de place pour les plateaux de semis avant la transplantation.
Risque de fonte des semis – Les jeunes plants sont vulnérables aux maladies fongiques si les conditions sont trop humides.

Pour démarrer les semis de tes légumes à Montréal, zone 5b :

🌱 Kale Lacinato aussi appellée Dinosaure– Début mars à l'intérieur, 4-6 semaines avant le dernier gel. Transplantation début mai.
🌱 Chicorée – Mi-mars à l'intérieur ou semis direct en mai.
🌱 Brocoli – Mi-mars à l'intérieur, 6-8 semaines avant le dernier gel. Transplantation début mai.
🌱 Bette à carde – Début avril à l'intérieur ou semis direct en mai.
🌱 Rapini – Fin mars à l'intérieur ou semis direct dès que le sol est praticable.
🌱 Épinard – Semis direct dès que le sol dégèle, fin avril-début mai.
🌱 Pac choi / Tat choi – Mi-mars à l'intérieur, transplantation début mai, ou semis direct en mai.
🌱 Laitue romaine / frisée – Début avril à l'intérieur, transplantation fin mai, ou semis direct début mai.
🌱 Basilic – Fin avril à l'intérieur, transplantation après le dernier gel (fin mai-début juin).
🌱 Aneth – Semis direct en mai, aime les sols chauds.